Aéroport de Lannion : la ligne régulière supprimée, la plateforme conservée

Lannion est assurément à un tournant de son histoire aéroportuaire. Hier, les représentants du Syndicat mixte de l’aéroport ont annoncé une décision prise à l’unanimité : la ligne régulière Lannion / Paris Orly fréquentée à 70 % par les entreprises sera supprimée à la fin de la délégation provisoire de service publique, fin mars.
« Cette décision qui n’a pas été prise de gaieté de cœur s’est imposée à nous. Les passagers ne sont plus au rendez-vous et il n’y a aucun signe de redressement de la fréquentation de la ligne par les entreprises* », présente Erven Léon, président du syndicat. « Nous nous sommes bagarrés pour cette ligne mais le modèle économique et son financement par les collectivités ne tenait plus la route. »
Les premiers signes de défection pour la ligne par les passagers professionnels se font en effet sentir depuis plusieurs mois, suite aux annulations en cascade des vols de la compagnie Hop !, exploitante à cette date, avec 42 annulations des vols entre juillet et fin septembre. « Ceci a conduit à installer un climat d’incertitude et de défiance pour les usagers fréquents. De plus, les deux recours contentieux de Twin Jet largement relayés par les médias, ont renforcé ce climat. » Au-delà de ces faits, notons la concurrence croissante du train depuis l’arrivée de la ligne à grande vitesse en Bretagne.

La ligne à grande vitesse attire les voyageurs

Pour Joël Le Jeune, président de Lannion-Trégor Communauté très impliquée ces dernières années dans le maintien de la ligne, « on observe un réel changement des pratiques, les modes de transports se reportent sur le TGV, et les outils numériques très modernes permettent de faire des réunions de qualité à distance. Ajoutons à ceci la rigueur financière opérée par les entreprises… Notre ligne aérienne n’est pas compétitive. » La décision de fermeture de la ligne prise, les élus soulignent que la plateforme, elle, reste maintenue pour poursuivre, voire développer, les activités qui s’y déroulent, notamment la maintenance d’avions, l’utilisation par la gendarmerie, la patrouille de France, l’aéroclub, etc. À ce jour, la stratégie aéroportuaire reste à définir.

Les élus sont déterminés : « Nous allons travailler à mettre en place des solutions alternatives pour faciliter les déplacements des acteurs économiques en assurant des correspondances vers l’aéroport de Brest-Guipavas et vers la gare de Guingamp, gare de la clientèle affaire du Trégor. » Le niveau de service reste encore à déterminer mais il sera opérationnel dès fin mars (navettes entre Lannion et Guipavas ou vers Guingamp en correspondance des TGV pour Paris). Parallèlement, un espace de haute technologie sera conçu dans les prochains mois dans la Maison de l’entreprise créé par l’Agglo sur Pégase, pour faciliter les échanges en visioconférence. De son côté, Robert Glémot, vice-président de la CCI et par ailleurs dirigeant de la société Prolann, souligne que, après ce véritable combat mené pour l’aéroport, « il y a une réflexion à avoir avec le monde économique, les élus sont solidaires. Il va falloir maintenant faire aboutir la liaison rapide à la nationale 12 pour aller vers Brest, et ceci, sans attendre. »

À ce jour, l’aéroport de Lannion emploie 19 salariés, directement touchés par la suppression de la ligne. En fin de matinée, les élus rencontraient le personnel après l’assemblée générale du syndicat.

*1 500 passagers mensuels en moins en 2017 par rapport à 2016. En janvier, on constate un taux de remplissage des avions de seulement 26 % et les prévisionnels pour février et mars sont alarmants. Depuis le mois de septembre, les vols transportant entre 1 et 9 passagers représentent 41,97 % de la totalité des vols.

Légende : Le syndicat s’est réuni hier à la technopole Anticipa annoncer officiellement l’arrêt de la ligne aérienne Lannion / Paris Orly.