« un Trégor réaliste, innovant et optimiste »

Mettant en avant le tandem composé des communes et de l’intercommunalité pour construire l’avenir du Trégor, Joël Le Jeune, président de Lannion-Trégor Communauté, a empreint ses vœux de « réalisme territorial » afin de « s’organiser, ensemble, à l’échelle de notre bassin de vie pour identifier ses contraintes et les dompter afin de les transformer en opportunités. »

Au Carré Magique où se tenait la cérémonie, vendredi dernier, en présence des élus, chefs d’entreprises, présidents d’associations, etc., le président a présenté le nouveau défi qui se pose aux élus du territoire : celui de la proximité dans un contexte de fusion récente, au 1^er janvier 2017, de Lannion-Trégor Communauté avec les communautés de communes du Haut-Trégor et de La Presqu’île de Lézardrieux. « Proximité de nos services avec la population, proximité des élus municipaux avec les instances décisionnelles de la collectivité. Ce défi de proximité interroge à la fois l’exercice de la démocratie locale au sein de l’agglomération et le rôle de l’intercommunalité dans le quotidien des Trégorrois. » Et de citer les espaces d’échanges entre élus : un bureau communautaire, composé des maires et réuni avant les conseils communautaires, ou dans les sept pôles territoriaux créés récemment : Cavan, Lannion, Perros-Guirec, Plouaret, Plestin-les-Grèves, Lézardrieux et Tréguier. « Ces pôles constituent des lieux de concertation, d’information, d’échanges, de débat pour les conseillers municipaux. Ils répondent à notre volonté de maintenir une place essentielle des élus municipaux dans la vie de la communauté. C’est le relais entre les citoyens et la structure politique et administrative qu’est la communauté d’agglomération. »

Soucieuse d’adapter l’organisation de l’Agglo pour répondre aux besoins, à la rigueur d’un budget, LTC optimise ses services selon trois axes : des services rendus à la bonne échelle, un travail de terrain effectué en régie (équipes en interne exerçant leurs compétences sur le territoire) et la mutualisation des agents communaux et intercommunaux. « Afin de maintenir des services de proximité, nous nous appuyons sur des Maisons de services à la population et des Maisons du développement réparties sur le territoire. Ces Maisons sont des portes d’entrées de Lannion-Trégor Communauté, complémentaires aux 60 mairies, qui doivent demeurer le premier point de service pour la population. »

Parmi les nombreux services rendus à la population, le président a souhaité insister sur l’aide et l’accompagnement à domicile des personnes âgées, pour lesquels l’agglo n’a pas la compétence mais qui « doit faire l’objet cette année d’une attention particulière ». « Nous partageons le diagnostic du Département sur le sujet. Le service doit évoluer, se structurer. Mais prenons garde à ne pas tomber dans un excès de rationalisation et de rentabilité à tout prix. Ce service public doit être garant du bien-être des personnes qui en ont besoin. Comme pour l’hôpital, nous devons au préalable rappeler quels sont nos objectifs en matière de solidarité et d’accès aux soins. Vieillir dignement est un droit. Le modèle social français, qui repose sur la redistribution, le garantit. Pour cette mission de service public, je crois à son exercice direct par la collectivité. »

Il a réaffirmé la volonté de LTC d’opérer ses actions en régie : « Je crois aux services exercés en régie, à leur efficacité par la maîtrise financière et technique pilotée par la collectivité, mais aussi, et surtout, par la maîtrise politique qu’en ont les élus. Les élus sont garants du contrat social, de l’intérêt général. C’est pourquoi d’ailleurs, une majorité des compétences de l’agglomération sont exercées en régie : l’assainissement, les transports, la collecte des déchets ménagers, le bureau d’études et demain l’eau potable. Services en régie dont bénéficient directement les communes. »

Le Trégor innovant

Au premier chef des innovations, l’innovation industrielle dans des domaines d’excellence portés par les grands groupes et des startups « pleines de promesses ». Et si Pégase, à Lannion, est la locomotive de l’économie, les signes d’une embellie sont observés ailleurs, dans d’autres domaines, « à Beg Ar C’hra, à Phoenix, à Kerbiquet, à Bel Air (mais oui), à Trédrez et ailleurs ». Sans oublier le domaine agricole : « Le territoire de LTC est aujourd’hui riche de la plus grande zone légumière des Côtes d’Armor. Nous avons donc une activité agricole très diverse sur le territoire puisqu’au sud, nous trouvons plutôt de l’élevage, surtout en production laitière. Nous savons tous quelles sont les difficultés rencontrées par les agriculteurs aujourd’hui […] Le fruit de leur travail, leur production, doit être rémunérée à sa juste valeur ». Il ajoute : « LTC les accompagne dans leur volonté d’innover pour répondre à une demande de qualité et de circuits courts des consommateurs. Par exemple, nous lançons cette année la construction de l’abattoir à Beg Ar C’hra pour conforter la filière locale en complément de toutes les actions menées par les agriculteurs en partenariats avec les bassins versants». Et aussi, l’UCPT (coopérative légumière) le Ceva (centre d’études et de valorisation des algues), l’artisanat, etc.

Quant au maintien du dynamisme dans les centres-bourgs et centres-villes, le président rappelle que l’Agglo va lancer un programme de revitalisation, notamment en menant des opérations ciblées sur la réhabilitation de logements et l’amélioration des locaux commerciaux. « Ce programme va dans le sens des souhaits exprimés par les personnes qui se sont investies dans la réflexion menée par la Ville de Lannion sur le devenir de son centre-ville « Lannion 2030 ». Ils sont de deux ordres : faire vivre le centre-ville de la ville centre de notre territoire et se réapproprier les quais du Léguer. »

Optimisme

« Le Trégor est attractif parce qu’il a deux caractéristiques essentielles : un cadre de vie qui peut faire pâlir d’envie les plus belles brochures touristiques des autres régions et surtout une population accueillante, solidaire et engagée. Notre cadre de vie, c’est notre patrimoine commun, à nous, Trégorrois. » Et il se décline sous différentes formes : patrimoine naturel, architectural, commun (les équipements), culturel, scientifique, artistique, etc. Le Trégor est connecté (fibre optique, aéroport, TGV et « il doit l’être également par des accès routiers indispensables au bon fonctionnement de notre réseau et à notre connexion vers Brest ».

Nombre d’atouts trégorrois qu’il faut préserver : « Atouts paysagers, atouts géographiques, atouts sociétaux par un degré d’équipements très satisfaisant que nous nous sommes engagés à défendre. C’est le cas de l’hôpital de Lannion. Lors des vœux du Centre hospitalier, j’ai fait part à la Direction et aux agents de cet établissement de la confiance que nous leur accordons dans leur capacité à faire vivre cet établissement dans les meilleures conditions pour les patients, tout en respectant des conditions décentes de travail […] Mobilisation pour l’hôpital, je l’ai dit, et particulièrement pour l’acquisition de l’IRM fixe, mais aussi pour l’accueil des migrants, avec une solidarité que je salue et dans un autre domaine,  contre l’extraction de sable, combat pour lequel nous restons mobilisés ».

Dans un registre plus global, Joël Le Jeune termine son discours par ces mots : « Ce qui donne du sens à nos actions, c’est le modèle social local que nous faisons vivre. Celui qui est basé sur les réseaux que vous cultivez, la solidarité qui se traduit par une vie associative extrêmement riche. Un modèle social construit sur des valeurs que nous partageons : la tolérance, la liberté, la volonté d’être ensemble acteurs de l’avenir ».

La citation

Je conclurai, maritimité oblige, par une citation de Mark Twain :

« Dans 20 ans, vous serez plus déçus par les choses que vous n’avez pas faites que par celles que vous avez faites. Alors sortez des sentiers battus, Mettez les voiles, Explorez, Rêvez, Découvrez. »

Un collectif d’artistes circassiens en résidence au Carré Magique a fait une ouverture originale de la cérémonie des vœux.