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Newsletter GLANN #5
La restauration de la continuité écologique sur les ruisseaux côtiers
La continuité écologique d’un cours d’eau se définit par la libre circulation des organismes vivants et leur accès aux zones indispensables à leur cycle de vie, le bon déroulement du transport naturel des sédiments. Sa restauration présente un enjeu particulièrement important sur nos petits ruisseaux côtiers très sensibles aux perturbations morphologiques et qui abritent pourtant des espèces migratrices, comme l’anguille dont les populations sont menacées d’extinction.
En juillet dernier, 9 chantiers visant à améliorer la continuité écologique des cours d’eau ont été entrepris sur le bassin versant de la Lieue de Grève, en particulier sur le Roscoat et le Yar, ainsi qu’un de ses affluents. Les aménagements allaient de la simple rampe en enrochement à la pose de pont cadre. Au total, 23 kilomètres de cours d'eau ont pu être reconnectés pour garantir l'accessibilité des truites, anguilles et des autres espèces accompagnatrices sur la rivière.
>> Zoom sur le chantier du ruisseau de Saint Connay à Lanvellec :
Sur la commune de Lanvellec, le ruisseau de Saint Connay connaissait une chute de 2,1 m sur sa partie aval proche de la confluence avec le Roscoat. Cette chute était trop importante pour le passage des poissons. Elle contraignait toute migration piscicole en amont du cours principal et de ses affluents, des zones pourtant très prisées des truites pour leur reproduction.
Avant le chantier, une petite buse nettement en pente et non adaptée aux dimensions du cours d’eau faisait passer le Saint Connay sous la route. Les travaux ont permis le remplacement de l’ouvrage par un pont cadre aux dimensions de la rivière avec une rampe en enrochement à l'aval pour rattraper la chute. Ainsi les travaux rétablissent la libre circulation des poissons et des sédiments.
Aujourd'hui, déjà quelques truites ont été observées franchissant l'ouvrage depuis l'aménagement ! Place désormais à la reproduction sur les parties amont dès cet hiver.
Au mois d’octobre, ce sont également 4 chantiers d'aménagement qui ont été menés sur les ruisseaux côtiers du bassin versant du Jaudy-Guindy-Bizien-Côtiers. La libre circulation des sédiments et des espèces piscicoles a été restaurée sur plus de 13 km de cours d'eau suite à ces chantiers. Plusieurs types de travaux ont été réalisés sur les ruisseaux du Gruguil, du Kerduel et du Ribiscia, tous situés en zone d’action prioritaire pour l’anguille : arasements de seuils, pose de pont cadre, réalisation de rampe en enrochement…
>> Zoom sur le chantier de Milin ar stang sur le Gruguil, entre Louannec et Saint Quay-Perros
Le ruisseau du Gruguil, au lieu-dit Milin ar Stang présentait une chute de 2m due à la présence d'un ouvrage sous-dimensionné et en pente, lié à la digue de l’ancien plan d'eau. Le ruisseau était également caractérisé par une morphologie dégradée. La montaison des poissons était impossible. En prévision du chantier de restauration, une centaine de poissons, parmi lesquels de la truite fario et de l'anguille européenne, a été récupérée en aval de l'ouvrage et relocalisée sur un secteur hors influence du chantier.
L'ancien ouvrage adapté au fonctionnement ancestral du site et notamment lié au fonctionnement d'un ancien plan d'eau a été déposé et remplacé par un pont-cadre dimensionné au gabarit du ruisseau. L'aménagement est aujourd'hui fonctionnel et de nombreux poissons peuvent coloniser des secteurs plus en amont du ruisseau.
L'ensemble de ces travaux a été réalisé avec le concours financier de l'Agence de l'Eau Loire-Bretagne, l'Etat, la Région Bretagne et le Département des Côtes d'Armor.
La parole à Julien et Françoise Pichouron, agriculteurs à Loguivy-Plougras
Changer de système pour changer de vie
Rencontre avec Françoise et Julien Pichouron installés sur une ferme laitière située à Loguivy Plougras depuis 2014. Après des premières années conduites en système conventionnel à base de maïs, ils entament une transition vers un système tout herbe, vêlages groupés de printemps et monotraite toute l’année conduit en agriculture biologique. Une porte-ouverte a récemment été organisée sur leur exploitation, en partenariat avec le CEDAPA. Ils nous racontent leur parcours !
Un système dans l’impasse …
« A notre installation en 2014, nous avons décidé d’agrandir l’exploitation et de miser sur un système productif. En 2017, première année de croisière, nous cultivions 34 ha de maïs, 13 ha de céréales et 66 ha d’herbe avec 100 vaches laitières Montbéliardes avec une ration majoritairement basée sur le maïs et une distribution d’aliments toute l’année. En 2018, des problèmes de dos nous poussent à revoir le système. Ça a été le déclic pour repenser notre production. On travaillait sans arrêt pour des résultats économiques insuffisants. C’est en voyant les vidéos réalisées chez Ronan Guernion et en allant à la porte-ouverte chez Yann et Cécile Le Merdy à Louargat que l’on s’est décidé à changer de système et à démarrer une transition vers un système tout herbe en vêlages* groupés de printemps et monotraite* toute l’année. »
Une transition rapide
« On a commencé à participer aux journées d’échanges du CEDAPA dès 2018 pour se former et organiser notre transition. En 2019, on a acheté 12 ha qui nous ont permis de porter notre surface accessible pour les vaches, à 80 ha. L’arrêt du maïs et des céréales en 2021 fût la dernière étape vers un système tout herbe. En parallèle, on a commencé à grouper les vêlages et nous avons fermé la salle de traite 1 mois en 2021 puis 2 mois et demi à partir de 2022. C’est à ce moment que l’on a décidé de passer en monotraite toute l’année. Ce changement de système nous permet aujourd’hui de retrouver une vie de famille et une vie sociale, de manger ensemble le soir et de mieux profiter des enfants. De plus, on est moins stressé et on a moins l’impression de courir entre 2 traites. On peut même prendre des vacances. On vit tout simplement ! J’ai toujours voulu être paysan avec mes vaches et en 2017, mon rêve était devenu un calvaire… Aujourd’hui, je vis mon rêve de gosse. Au final, même si notre production laitière a baissé, on a pu améliorer nos résultats économiques et retrouver de la sérénité au travail. »
L’intérêt de réfléchir en groupe
« Grâce à ce changement de système, on a pu se libérer du temps pour participer aux journées d’échanges de groupe. (NDLR - Groupe animé par le CEDAPA depuis 2020, après un accompagnement du bassin versant du Léguer pour son émergence). On se réunit 3 à 4 fois par an aux étapes clés de la gestion de l’herbe pour se rassurer sur les avancées des uns et des autres. On peut aussi suivre l’évolution des fermes et identifier des pistes d’améliorations transposables chez nous. On progresse et on avance collectivement ce qui rend la transition plus facile. C’est important de voir ce qui se fait ailleurs pour imaginer ce qui peut être mis en place chez nous. »
La ferme en quelques chiffres
- SAU : 125 ha d’herbe dont 80 accessibles
- 88 vaches laitières croisées – 128 UGB
- 232 000 L produits – 2 700 L/VL
- 202 000 L vendus
- 2 UTH
- Coût alimentaire : 30 € / 1 000 L
- MB lait : 623 € / 1 000 L
Comment ça marche ? Production "en chênes" pour le bocage !
L'Agglo participe largement à la reconstitution du bocage ce qui nécessite des quantités importantes de plants annuellement (entre 12000 et 20000 plants d’arbres et d’arbustes). Ceci étant, le marché national du plants forestiers a tendance à se tendre en raison de nombreuses politiques de renouvellement forestier, ce qui peut poser des problèmes d’approvisionnement.
Parallèlement, l’Agglo a établi une stratégie d’adaptation au changement climatique pour ses séquences de plantation en se basant sur deux piliers : l’utilisation prioritaire du végétal local adapté au terroir Trégorrois et l’introduction d’espèces du massif armoricain plus adaptées aux évolutions du climat, dans la limite de 25% des linéaires.
Ainsi, Lannion-Trégor Communauté a développé deux contrats de culture pour répondre à ces enjeux. Le premier partenariat avec la ville de Lannion permettra de produire 5000 plants par an d’espèces peu produites localement et adaptées au changement climatique (chêne pubescent entre autres), à compter de l’hiver 2025/2026. La municipalité devrait conserver 10% de la production totale. Le deuxième contrat, avec un pépiniériste nouvellement installé à Ploubezre, vise à fournir 5000 jeunes plants d’arbustes à l’origine génétique locale afin de garantir la meilleure adaptation au terroir. L’origine génétique sera ainsi garantie via la marque Végétal Local.
Ce seront donc 10 000 plants qui seront produits localement à compter de l’hiver 2025/2026 et qui trouveront leur place dans le bocage Trégorrois. Dans cette optique, l’agglomération procède à des collectes de graines en espaces naturels en lien notamment avec les acteurs du territoire et les agriculteurs.
Zoom sur... les oiseaux hivernants du littoral du Trégor
Le littoral de Lannion-Trégor Communauté s’étire sur près de 250 km. Des falaises, des plages, des grèves, des estuaires, des baies : il y en a pour tous les goûts ! Les oiseaux ont bien compris qu’ils pouvaient tirer parti de ces vastes estrans de vase, de sable ou de roche qui recèlent une diversité de proies.
A l’inverse des transhumances humaines qui amènent de nombreux visiteurs dans le Trégor en été, de nombreuses espèces d’oiseaux migrent en hiver sur les côtes de Bretagne. Certains ne passeront que quelques heures sur le littoral du Trégor, tandis que d’autres s’y installeront pour quelques mois.
La plupart de ces oiseaux sont des migrateurs au long cours. Prenez la petite oie Bernache par exemple. Elle fait un voyage de près de 5000km depuis la toundra sibérienne pour venir sur nos côtes se nourrir de zostères (une petite plante marine protégée) ou d’ulves (l’algue verte). Pourquoi ce mouvement et ces distances ? Notre climat océanique offre des températures plutôt clémentes et nos estrans une nourriture abondante même au cœur de l’hiver.
Au fond des baies et des estuaires, des canards comme la sarcelle d’hiver profitent des vasières et des prés salés pour s’alimenter grassement de graines, de végétaux, de petits mollusques ou crustacés. Là encore, cette espèce niche plus au Nord de l’Europe et dès les premiers frimas, l’émancipation de leurs couvées, elles opèrent un voyage vers le Sud pour les mois d’hiver.
Les échassiers apprécient également les vasières qu’ils fouissent de leur bec à la recherche de vers, de coquillages enfouis dont ils se régaleront. Les bécasseaux, les plus petits d’entre eux, piétinent frénétiquement le sol, obnubilés par la quête de nourriture. Ils sont souvent accompagnés de tourne pierres à collier, de pluviers et de grands gravelots.
Les huîtriers Pie sont des pêcheurs de coques dont ils sectionnent le muscle à l’aide de leur bec oranger puissant. Autre limicole (nom donné aux « petits » échassiers), les courlis, corlieu ou cendré, se caractérisent par un long bec nettement courbé vers le bas qu’ils utilisent pour aller chercher des vers comme les arénicoles sur les estrans sableux ou vaseux.
L’hiver, les Laridés (mouettes et goélands) sont aussi plus nombreux sur le littoral. Les mouettes notamment qui ne nichent pas sur la côte mais plutôt dans l’intérieur, rejoignent rapidement les sites d’hivernage dès la fin juin. Les goélands, emblématiques des paysages visuels et sonores bretons, se regroupent également pour passer l’hiver.
Toutes ces espèces ont contribué au classement en site Natura 2000 d’une large frange du littoral de Lannion-Trégor Communauté. Le territoire est donc responsable de la conservation de l’attractivité écologique pour ces espèces.
La fréquentation humaine sur ces estrans doit prendre en compte la sensibilité de ces espèces en limitant les dérangements. Un oiseau vole par nécessité et non par plaisir. Chaque déplacement provoqué induit un stress et nécessite d’être compensé par une phase de nourrissage.
> Le site C Mon spot crée par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) permet d’identifier les espèces présentes par secteur de littoral : https://www.c-monspot.fr/
> La vidéo suivante, également réalisée par l’OFB permet de mieux comprendre ce phénomène de dérangement et d’en mesurer les conséquences : https://youtu.be/H27iT2jdGW0?feature=shared
Le littoral du Trégor ne serait pas un aussi beau décor sans la faune qui y est liée. Un littoral sans oiseaux serait comme un film sans acteurs : soyons donc attentifs à respecter leur quiétude !
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