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Lannion-Trégor Communauté
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Newsletter GLANN #2
Lannion-Trégor Communauté et les agriculteurs du bassin versant du Lizildry expérimentent les Paiements pour Services Environnementaux (PSE)
Dans le cadre du programme de bassin versant du Jaudy-Guindy-Bizien-Côtiers, Lannion-Trégor Communauté s’est associé avec le Syndicat mixte de l’Horn et Morlaix Communauté pour répondre à l’appel à projet de l’Agence de l’eau sur le déploiement des Paiements pour Services Environnementaux (PSE). Les points communs entre ces 3 structures : une zone de production de légumes de plein champ et des enjeux communs autour de la reconquête de la qualité de l’eau. Elles font partie aujourd’hui des 10 collectivités retenues par l’Agence de l’eau au niveau régional pour tester ce nouvel outil de contractualisation avec les agriculteurs. Si cette expérimentation est concluante, ce type de dispositif « PSE » pourrait à l’avenir, faire partie des outils déployés dans le cadre de l’accompagnement des exploitations agricoles dans la transition agro-écologique.
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Paiements pour services environnementaux (PSE) : ce nouveau dispositif de contractualisation rémunère les agriculteurs pour des actions qui contribuent à restaurer ou maintenir des écosystèmes, dont la société tire des bénéfices : préservation de la qualité de l’eau, protection du paysage et de la biodiversité.
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Le projet de PSE proposé est spécifique aux productions légumières et est actuellement expérimenté sur un territoire restreint : le bassin versant du Lizildry (Plouguiel, Plougrescant, Penvénan et Camlez). Ce territoire concentre à lui seul de nombreux enjeux environnementaux et fait l’objet de nombreuses pressions en terme de qualité de l'eau (nutriments, pesticides, érosion/transfert...). Le bassin versant du Lizildry étant classé en état médiocre par l'Agence de l'eau, il est donc apparu pertinent de mettre en œuvre ce projet auprès des exploitants ayant des parcelles sur ce territoire.
Le projet de PSE « légumes » vise 3 objectifs principaux :
- Réduire la présence de pesticides dans l’eau (désherbage mécanique des cultures)
- Réduire l’érosion par des pratiques agricoles adaptées (efface-traces, barbutage…)
- Réduire l’érosion par la gestion du parcellaire et du paysage (création de talus, de haie…)
Concrètement, les actions retenues pour atteindre ces objectifs tiennent compte de 3 critères, le gain environnemental et la faisabilité technique et économique pour les exploitants. Après une phase de mobilisation en 2021, ce sont 18 agriculteurs qui se sont engagés dans le dispositif en 2022 pour une durée de 5 ans. Les premiers résultats sont plutôt encourageants notamment sur le volet réduction des herbicides puisque dès la première année, ce sont près de 480 ha de légumes qui sont cultivés sans herbicide soit plus de 80% de l’objectif fixé à 5 ans ! Si l'on ajoute les surfaces en bio, c'est près de 90% des surfaces en chou-fleur qui ne reçoivent plus d'herbicides.
Lannion-Trégor Communauté et la Chambre d’Agriculture se sont associées dès le lancement du projet pour élaborer ce dispositif et en assurer la mise en œuvre et le suivi technique et financier. Les aides versées aux exploitants sont intégralement prises en charge par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne.
Zoom sur l'anguille européenne
Ce poisson migrateur présent dans les cours d’eau de Lannion-Trégor Communauté est classé en danger critique d'extinction. Cette espèce a un cycle de vie exceptionnel, partagé entre la mer et l’eau douce. Dans le cadre du plan de gestion de l’anguille en France, des actions sont mises en œuvre à l’échelle des cours d’eau de la collectivité et de la région pour la préserver.
L’anguille européenne est présente dans les bassins versants de la Lieue-de-Grève, du Léguer et du Jaudy-Guindy-Bizien couvrant une superficie totale de 1 170 km². Une Zone d’Action Prioritaire (ZAP) a été définie sur toutes les côtes bretonnes afin d’agir prioritairement pour son rétablissement.
L’anguille européenne (Anguilla anguilla) est un poisson migrateur thalassotoque, c’est-à-dire qui se reproduit en mer et grandit en rivière. Sa reproduction intervient dans la mer des Sargasses au large de l’Océan Atlantique.
Au stade larvaire, le poisson entame sa migration vers l’Europe pendant 1 à 2 ans. A l’approche du continent, l’anguille devient une civelle avec une apparence serpentiforme et translucide pendant quelques semaines ou quelques mois. Ensuite avec une température favorable autour de 11°C, sa peau se pigmente et prend une couleur jaune dorée. Elle se métamorphose en anguille jaune pour continuer sa migration vers l’amont des cours d’eau. L’anguille poursuit sa croissance en rivière pendant 15 à 20 ans (sur les cours d’eau bretons) pour devenir une anguille adulte de couleur argentée avant de regagner la mer pour se reproduire.
Crédit : Fédération de pêche d'Eure-et-Loir
Autrefois abondante, la population d’anguille s’est effondrée dans les années 1980. Les arrivées de civelles sur le continent représentent aujourd’hui seulement 5% de leur niveau des années 1960-70. Ce déclin continu se répercute sur le stock d’anguilles jaunes et argentées qui est estimé actuellement à moins de la moitié de ce qu’il était autrefois. L’espèce est classée depuis 2008 en danger critique d’extinction par l’UICN. Les causes de son déclin sont multiples : surpêche, pollution, parasite et le réchauffement climatique entraînant une plus grande difficulté pour les jeunes anguilles à rejoindre les rivières européennes.
Evolution des indices de recrutement de civelles (gauche) et d’anguilles jaunes (droite) exprimés en pourcentage par rapport aux données de la période 1960-1979 (WGEEL, 2021)
La protection de l’espèce fait l’objet d’un règlement de la Commission européenne depuis 2007 instaurant des mesures pour restaurer la population d’anguille européenne. Conformément au règlement, la France met en œuvre un plan de gestion depuis le 1er juillet 2009 qui repose sur 3 leviers d’actions : les pêcheries, les ouvrages transversaux et un programme de repeuplement.
Comme l’explique Gaëlle Leprévost, Directrice de Bretagne Grands Migrateurs, une association dédiée à la gestion et à la restauration des poissons grands migrateurs en Bretagne : « de multiples actions de suivis sont menées en Bretagne pour suivre l’évolution des populations d’anguille. A titre d’exemple, depuis 1995, un suivi annuel des civelles est effectué sur l’estuaire de la Vilaine au niveau du barrage d'Arzal. Les résultats révèlent une chute constante des captures de civelles ». En comparaison avec les années 1970, moins de 5% des civelles en migration arrivent de nos jours dans l’estuaire de la Vilaine.
Tendances des captures de civelles en estuaire de Vilaine 2019 (Source : Briand C., Sauvaget B., Eriaud G., 2019. Gestion de l'anguille sur le bassin versant de la Vilaine en 2016. EPTB Vilaine).
Par ailleurs, depuis 2014 « un réseau breton de suivi des montaisons des anguilles jaunes a été mis en place sur 21 stations, dont 4 dans les Côtes d’Armor », ajoute Mme Leprévost. Les suivis sont réalisés dans la zone d'influence de la marée et à l'aval de tout obstacle. L’indice d’abondance des captures d’anguille illustre une population en très mauvais état à l‘échelle de la Bretagne. Par rapport aux années 1960-70, moins de 10% des civelles et anguillettes colonisent aujourd’hui les cours d’eau bretons.
Source : BGM, 2022
Des suivis sont également faits tous les 5 ans environ sur les cours d’eau du Léguer, du Yar et du Yaudet. En 2022, les résultats révèlent une abondance qui diminue rapidement sur les stations en amont de ces rivières.
Au sein de Lannion-Trégor-Communauté, des actions sont mises en places pour contribuer à la restauration des populations d’anguille. Sur les bassins versants du Jaudy-Guindy-Bizien, du Léguer et de la Lieue de Grève, les programmes de travaux de restauration vise à rétablir la continuité des cours d’eau depuis la mer vers l’amont pour permettre la libre circulation des poissons. Dernièrement en 2023, une passe à poisson a été installée au moulin de Pont ar Scoul sur Le Guindy, entre Plouguiel et Minihy –Tréguier. La structure permet notamment aux jeunes anguilles et à d’autres espèces comme le saumon ou la truite fario de franchir l’ancien déversoir et d’accéder ainsi à des habitats autrefois inaccessibles.
Pour avoir plus d’informations sur ce poisson fascinant, sur le plan de gestion de l’anguille en France et sur les actions favorables à la continuité écologique des populations d’anguille sur le Jaudy-Guindy-Bizien sur le Léguer.
Qu'est ce qu'un bassin versant ?
Le bassin versant correspond à l’ensemble de la surface recevant les eaux qui circulent naturellement vers un même exutoire. Les bassins versants sont délimités par des lignes de crêtes (ou ligne de partage des eaux).
L’exutoire peut être un lac ou un fleuve. Le nom du bassin versant correspond au nom de la rivière principale qui s’écoule dans le fond de vallée pour rejoindre la mer. Par exemple, le bassin versant du Léguer correspond à toutes les surfaces du sol qui emmènent l’eau de pluie vers le Léguer.
Cette rivière prend sa source le plus souvent en amont, au niveau de ce qu’on appelle la "tête de bassin versant". Un exutoire peut avoir plusieurs têtes de bassin versant.
Cette notion de bassin versant permet de regrouper le territoire en grandes unités hydrographiques cohérentes afin de faciliter la gestion de l’eau. Ce qui impact le bassin versant se répercute sur le reste du réseau hydrographique auquel il est relié. Ainsi une pollution au sein d’un fleuve peut venir d’un bassin versant et nécessitera des actions sur ce dernier.
Les bassins versant de la Baie de Lannion
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